Depuis des années, je fais attention à l’environnement, aux déchets que je produis… Je crois que cela vient de mon éducation, mes parents m’ont depuis très tôt sensibiliser sur le non-gaspillage, profiter d’un objet le plus longtemps possible… Si, à l’époque, cette habitude était surtout motivée par des raisons économiques, elle prend aujourd’hui tout son sens dans un contexte de crise écologique mondiale…
Les lunettes ne font pas exception au greenwashing, comme les vêtements. D’ailleurs cet article est inspiré par Céline de Iznowgood, qui partage ses conseils et propose des contenus sur la mode éthique et responsable. En voyant certaines revendications « green » chez les fournisseurs de lunettes, j’ai voulu creuser : les lunettes en acétate sont-elles vraiment écologiques ?
L’acétate : une matière naturelle ou artificielle ?
L’acétate de cellulose, utilisé pour fabriquer de nombreuses montures de lunettes, provient d’un mélange de :
- Pulpe de bois ou coton (environ 70% de la matière, d’origine végétale)
- Et de plastifiants, d’origine pétrochimique ou naturelle.
Même si cette matière est dite biosourcée, cela ne veut pas nécessairement dire qu’elle est écologique. Il faut une transformation chimique lourde pour passer de la fibre végétale à un matériau plastique, notamment avec des solvants. De plus, la traçabilité est souvent floue : il n’existe aucun label spécifique à l’industrie de l’optique pour garantir l’origine biologique des matières premières.
L’acétate peut provenir de France, Décoracet basé à Oyonnax, ou Mazzucchelli en Italie, Acety au Japon… la liste est longue car il y a aussi des usines dans d’autres pays d’Asie.
Le saviez-vous ?
Le coton biologique ne représente que 2 millions de tonnes par an, contre 17 milliards de tonnes de coton conventionnel. Il est donc probable que l’on retrouve sur le marché plus de produits « en coton bio » que de coton bio réellement produit…
Le cotonnier est une plante fragile, l’utilisation intensive de pesticides, d’engrais et insecticides est récurrente dans l’agriculture conventionnelle : des intrants chimiques qui appauvrissent les sols et perturbent la biodiversité. D’après l’OMS, la culture de coton représente 3% des surfaces cultivées mondiales, mais elle consomme 25% des engrais utilisés dans le monde. L’irrigation des plants est également problématique : entre 8000 et 11 000L d’eau sont nécessaires pour produire un kilo de coton, une consommation d’eau excessive pour la planète !

L’impact environnemental de l’acétate
L’acétate est souvent présenté comme une alternative plus « verte » que le plastique injecté. Pourtant, son impact dépend largement :
- Du type de coton utilisé (bio ou conventionnel),
- De la provenance du bois
- Du mode de fabrication,
- Et de la gestion des déchets industriels.
Des exemples concrets : Décoracet & Roussilhe
En juin, j’ai eu la chance de participer au Manufacture Tour, j’ai pu visiter trois usines à Oyonnax (01) : Décoracet, fabricant spécialisé dans la fabrication de plaques d’acétate pour la lunetterie ; Roussilhe fabricant de lunettes en acétate et Lucal, fabricant de lunettes en métal et acétate.
Nous avons appris par exemple que chez Roussilhe, les chutes d’acétate issue de la fabrication des montures sont revalorisées :
- Certaines sont transformées en granulés pour l’industrie automobile (pare-chocs).
- D’autres servent de combustible alternatif pour chauffer des usines.
- Une partie retourne chez Décoracet pour être recyclée en nouvelles plaques.

Dans un monde idéal, les fabricants seraient tous transparents sur l’origine des matières, les conditions de fabrication, le recyclage des déchets. En attendant, à nous consommateurs de faire des choix en conscience.
En optant pour des lunettes françaises comme celles proposées par Roussilhe, vous soutenez :
- Le savoir-faire local
- Une production artisanale de qualité
- Une filière plus respectueuse de l’environnement
👉 Chaque lunette achetée est un vote pour un modèle de consommation plus durable.